Cassettes ! Cassettes !
Cet été, l’équipe d’Archive Montréal s’est rattrapée sur le transfert de cassettes audio à préserver et numériser.
Comme plusieurs autres centres d’archives de petite taille fonctionnant sur un budget et un personnel limité, Archive Montréal se doit de prioriser le matériel à préserver et cataloguer. Les cassettes audio, particulièrement celles datant des années 1970-1980, sont la priorité vu la manière dont elles se dégradent avec le temps. Comme pour tous les supports magnétiques tels que disques durs, disquettes, bobines sonores ou cassettes vidéo, les cassettes analogues peuvent être plus facilement endommagées que les médias physiques tels que les livres, les disques de vinyle ou les films en celluloïd.
Il y a beaucoup de différentes collections de cassettes audio dans nos archives – ils nous viennent de la part de studios d’enregistrements spécifiques, des stations de radio, des DJs, des maisons de disques ou des bars qui recevaient des cassettes demo de groupes dans les années 1980 ou 1990.
Normalement, on essaie de préserver et numériser une collection dans son entièreté. Si la collection est trop grande, on numérise en premier le matériel le plus ancien et le plus fragile. Occasionnellement, il arrive que quelqu’un nous prête des cassettes rares à copier et à lui retourner. Dans des cas similaires, on se concentre habituellement sur le traitement de la collection le plus rapidement et minutieusement possible avant de retourner les cassettes originales (accompagnées de leurs copies numériques) à leur propriétaire qui nous les avait gracieusement prêtées.
Ce qui suit est un coup d’œil dans les coulisses d’une session de numérisation et préservation de cassettes dans notre centre d’archives.
Plusieurs procédures détaillées (ou “flux de travail”) ont été développées par nos archivistes au fil des années afin de nous guider à travers chaque étape du processus. Ces procédures couvrent des sujets tels que: comment documenter la collection en cours de préservation et numérisation; quels doivent être les paramètres sur l’équipement utilisé pour numériser le matériel audio; comment documenter et numériser les pochettes et les emballages de cassettes, ainsi que les cassettes elles-mêmes; comment traiter le matériel numérique de façon à ce qu’il puisse être utilisé sur un site Web comme celui-ci, ou joué sur notre émission de radio; et comment cataloguer et conserver les versions numériques et physiques à la fin du processus.
Dans le cas d’un individu qui a fait un don ou qui a prêté une collection, il peut arriver que l’on décide de réaliser une entrevue avec cette personne afin de documenter, par exemple, ses années de collectionnement de cassettes locales ou d’enregistrement en studio. On ne sait jamais quels types d’informations de futurs chercheurs, des maisons de disques, des compilateurs ou tout simplement des fans pourraient vouloir connaître, alors il est important de documenter un item le plus possible quand il est aisé et pratique de le faire.
Parfois on mène des recherches pour savoir, par exemple, si les artistes ayant réalisé les cassettes sont encore actifs, si le matériel a déjà été rendu accessible en ligne, ou pour retrouver qui détient les droits.
Voici quelques photos d’une des plus récentes session de traitement de cassettes.
On commence par sélectionner une collection de cassettes. Ici, quelques petites collections triées parmi lesquelles choisir.
On utilise pour la numérisation un lecteur de cassettes à trois têtes de qualité studio. Ce lecteur de cassettes en particulier était l’un des derniers encore en fonction aux Silent Sound Studios, un studio semi-légendaire sur la rue Clark dans Le Plateau qui ferma ses portes en 2002 et où des centaines d’albums et de démos ont été enregistrés au fil des années. On a sauvé plusieurs enregistrements laissés pour compte lorsque le studio a fermé, et on était content de partir également avec ce lecteur de cassettes.
La chaîne d’équipements utilisés consiste essentiellement en un lecteur de cassettes vers un ampli Sansui et finalement vers une enregistreuse numérique portable Zoom H6. Normalement, la résolution la plus haute est sélectionnée sur le Zoom H6 (WAV 96 / 24). Il est facile de générer des fichiers de résolution réduite, tels que des fichiers MP3 à partir de fichiers audio de haute résolution, tandis que l’inverse n’est pas possible.
On utilise cet amplificateur vintage Sansui de la fin des années 1970 à cause de la gamme d’ajustements qu’il permet de faire, tel que sélectionner mono ou stéréo, ainsi qu’à cause du son très complet qu’il fournit.
Maïa, notre assistante ouvre chaque fichier audio dans le logiciel Sound Forge, sépare les fichiers audio en fichiers de chansons individuels, et numérise les pochettes et emballages des cassettes sur le scanner Epson à côté d’elle. Chaque chanson ainsi que les images de la cassette en question sont ensuite placées dans des dossiers de données et cataloguées selon les codes de catalogage établis par Archive Montréal.
C’est toujours bien de pouvoir jouer les meilleurs chansons déterrées pendant la dernière session de numérisation des cassettes sur notre émission radio hebdomadaire, Montreal Sound Ark, sur les ondes de CKUT 90.3 FM tous les vendredi après-midis de 15 – 17h. Ici, l’animateur de l’émission, Louis Rastelli, mentionne aux auditeurs quels titres de chansons viennent tout juste d’être joués.
De nombreuses cassettes plus anciennes ont perdu du volume et ne sont pas assez fortes pour être jouées sur les ondes à travers le lecteur de cassettes du studio de CKUT. Par conséquent, les fichiers fraîchement numérisés sont transférés sur deux ordinateurs différents dans le studio, et le DJ prévoit quelle sera la piste suivante à jouer à partir de l’un des ordinateurs, tandis qu’une chanson joue pendant ce temps sur l’autre ordinateur.
Pendant qu’on est au studio, on jette parfois un coup d’œil aux archives de CKUT pour voir s’il n’y aurait pas parmi elles des cassettes de groupes locaux ne figurant pas encore dans les collections d’Archive Montréal.
Maïa passe à travers une boîte de cassettes issue des archives de CKUT tandis que le DJ anime l’émission. Elle identifie les cassettes provenant de Montréal et qui ne se retrouvent pas dans les archives d’Archive Montréal. Cet été, Archive Montréal numérise ces cassettes appartenant à CKUT, et les fichiers audio seront versés dans les archives numériques d’Archive Montréal ainsi que dans celles de CKUT pour les rendre plus facile à jouer ainsi que pour les préserver.
Consultez le blogue Montreal Sound Ark pour écoutez certaines des émissions les plus récentes mettant en vedette des cassettes locales.
Si vous avez vous-même des cassettes de musique produites à Montreal, n’hésitez pas à nous contacter à archivemontreal@archivemontreal.org si vous souhaitez en faire faire numériser ou pour en faire don à notre centre d’archives.
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